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Les déserteurs actifs

Débat politique et social

La macro-imposture

Publié le 8 Juin 2017 in Nos textes

La macro-imposture

 

Imposture, selon  le Petit Larousse : « action, procédé de quelqu’un qui cherche à tromper par de fausses apparences ou des allégations mensongères ».

À l’imposture fondamentale que constitue la « démocratie représentative » le phénomène Macron apporte les perfectionnements que requiert la démocratie médiatique : l’image du sémillant jeune homme, savant et cultivé (il lit René Char !), porté par la vision d’un avenir radieux. La réalité, c’est celle d’un vieux réac. Son idéal, il l’a candidement exprimé il n’y a pas si longtemps : il trouverait très bien que de jeunes Français rêvent de devenir milliardaires. Quelle élévation de pensée ! Quelle conception profonde, riche de l’être humain ! Voilà qui nous console du spectacle sordide de ces millions de jeunes Français qui ne rêvent que d’un logement et d’un boulot qui leur permette de survivre… Le message exaltant que nous propose Macron, c’est en somme celui que proposait Guizot sous la Monarchie de Juillet : « Enrichissez-vous ! » Il ajoutait : « par le travail et par l’épargne », le travail des autres, évidemment, et l’épargne des autres – et Macron devrait ajouter , pour être moderne : par l’escroquerie et les paradis fiscaux…

L’imposture éclate tout particulièrement dans le langage employé par Macron soi-même et toute sa macronie. On y retrouve le procédé élémentaire qui caractérise la « novlangue » imaginée par Orwell. Exemples tirés de « 1984 » : « Camp de la joie » signifie « camp de travail forcé » ; « Ministère de la Paix » signifie « ministère de la Guerre ». En Macronie, « en marche » veut dire « en arrière toute ! », « réaction sans complexe ! » « Réforme » signifie « contre-réforme » annulation de l’essentiel des réformes que le capitalisme a dû consentir (dans son propre intérêt bien compris) sous la pression de la lutte de classes. « Libérer le travail » signifie « asservir le travail » - l’asservir plus étroitement encore à la pression de la concurrence pour en faire baisser le coût (c’est le sens du projet de « loi travail » faisant prévaloir les accords d’entreprise sur les accords de branche).

Sur un plan plus général, il apparaît de plus en plus évident que lorsque la macronie (ou macronerie) invoque la France, la Nation, la République, cela veut dire « l’entreprise France », etc. Or, on le sait depuis plus d’un siècle, la démocratie s’arrête à la porte de l’entreprise : à l’intérieur, c’est la dictature – du patron, des actionnaires, des banquiers, etc. On voit donc quel genre de « démocratie » la macronie nous réserve. Déjà, le PDG a formé son équipe : elle est essentiellement composée de patrons, petits et gros, et de « gnômes » de l’ENA et des « Grands Corps » de l’État…

 

Ne nous désolons pas : Cette conception modernisée de l’Ètat, de la Nation, de la République, etc. comme entreprise rend plus évidente que jamais la nécessité de lier lutte politique et lutte sociale : la lutte de classe.